mardi 28 mai 2013

histoire des beau art

Le musée des Beaux-Arts d'Agen est installé dans quatre hôtels particuliers qui datent de la Renaissance : l'hôtel d'Estrades, l'hôtel de Vaurs, l'hôtel Vergès et l'hôtel Monluc.
Musée d'histoire
Cet ensemble architectural, composé des hôtels et des cours intérieures, offre aux visiteurs une promenade à travers l'histoire monumentale d'Agen.
Les premières collections ont été rassemblées à la fin du XIXème siècle par les érudits et les amateurs agenais. Le musée s'est ouvert en 1876 et compte aujourd'hui plus de 2 000 œuvres historiques et artistiques. Au début du siècle, il s'est considérablement enrichi par l'arrivée du legs Chaudordy (art espagnol) et de la collection des ducs d'Aiguillon (art français du XVIIIème siècle), issue des saisies révolutionnaires de 1792. Depuis, le Musée n'a cessé de bénéficier d'une politique de dépôts de l'État et d'acquisitions, qui en fait un des musées municipaux les plus réputés...
Raconter l'histoire des bâtiments composant le musée des Beaux-Arts de la ville d'Agen n'a rien d'une sinécure. Le musée est en fait un assemblage de constructions disparates, qui ne sont devenues un ensemble cohérent que lors des cent vingt dernières années.
Il faut revenir très longtemps en arrière pour découvrir le secret des premières pierres sur lesquelles le musée s'est bâti. L'implantation des différents hôtels particuliers du musée suit celle du premier rempart de la ville : le mur romain du IIIème siècle. Il semblerait, selon certains spécialistes, que des vestiges de ce mur soient encore visibles dans les sous-sols du musée. De fait, un rempart va rester à cet endroit pendant presque tout le Moyen Age. C'est notamment de ce coté-là que viendront les attaques arabes, celles des croisés contre les cathares de la ville et enfin celles des Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Ces derniers constitueront le principal péril, lorsqu'ils parviendront à s'emparer du château Montrevel : gardien de la ville et actuelle mairie.
Les péripéties de la guerre de Cent Ans entraîneront la destruction des remparts, à la moitié du XVème siècle. Les différents hôtels particuliers sont érigés entre la fin du XVème et le milieu du XVI siècle.
L'hôtel d'Estrades, acquis en 1658, flanque la maison commune (actuel théâtre) à laquelle il est lié par une aile qui est démolie en 1880.
L'hôtel de Vaurs devient ce magnifique bâtiment renaissance que nous connaissons aujourd'hui, sous l'influence de Géraud Michel dit Ferron. Celui-ci l'aménage, peu de temps avant les guerres de Religion. L'hôtel de Vaurs sera acquis pour le prix considérable de 8 000 livres tournois (16 millions de nos francs actuels environ) par la ville, en 1765, pour devenir une prison.
L'hôtel Vergès, moins riche en décorations, ne complète pas pour autant, parfaitement, l'ensemble d'un musée auquel on rajoutera l'hôtel Monluc dans les années 60-70.
En attendant, ces hôtels particuliers deviennent des bâtiments publics avant la Révolution. Ils sont la marque d'un pouvoir municipal déjà fortement installé à Agen. La Révolution ne viendra guère bouleverser leur rôle. Par contre, le nouveau régime invente le concept de musée, et l'idée d'un tel conservatoire naît à Agen en l'an II. Le musée d'Agen reste cependant à l'état de concept pendant les trois quarts du XIXème siècle.
Il faut attendre 1876 pour que les choses évoluent. Entre-temps, Agen se transforme. L'un des aspects essentiels est la translation du siège du pouvoir municipal de l'ancienne maison commune au présidial. L'évolution se fait par étapes et passe d'abord par l'annexion d'une partie de l'hôtel d'Estrades pour abriter plusieurs services municipaux.
Lorsque la Société des amis du musée est créée en 1876, les hôtels particuliers sont vides depuis près de 10 ans. C'est une aubaine unique pour installer les collections qui attendent depuis quatre-vingt ans. Le musée est monté entre 1876 et 1878. Rapidement après son inauguration, il voit son succès décoller. De plus, il peut compter sur des alliés de choix. Outre la Société des amis du musée qui compte des gens de valeurs comme G. Tholin, A.Magen, Ph Lauzun..., il est aussi protégé par des maires comme J.B Durand, G.Laboulbène et J.Celsou des parlementaires comme J.Chaumié. A. Fallières, le bienfaiteur du Lot-et-Garonne entre 1880 et 1910, ministre des Beaux-Arts puis Président, alimentera le musée avec des œuvres d'origines diverses . Enfin le musée d'Agen doit aussi sa gloire aux généreux donateurs comme le comte Chaudordy, Brondeaude Senelles ou encore l'incontournable Félix Aunac.
C'est d'ailleurs sous l'impulsion de ce dernier que le musée connaît sa première évolution architecturale, et ce dès 1893. Un étage supplémentaire en briques est apporté à l'hôtel de Vergès. Cette construction non seulement ne dénature pas le bâtiment original, mais lui apporte une touche supplémentaire de grâce et de beauté. Cette transformation ne fut pas de tout repos. L'idée partit du décès de Félix Aunac, grand ami du musée s'il en fut. Son fils, Louis, en exécution des volontés de son père donne 15 000 francs-or, ce qui est une somme considérable pour faire exécuter des travaux qui reviennent in fine à 32 000 francs.
Cependant, en 1895, la crise frappe la France, et les villes comme Agen n'ont pas la marge de manœuvre suffisante pour fournir de facto une somme de 17 000 francs or. Le ministère des Beaux-Arts est donc sollicité... Mais Georges Leygues, bien que Lot-et-Garonnais, n'accorde aucun moyen à ce projet. Pire, il laisse traîner les choses et mets en danger la donation Aunac. Celle-ci, dont une clause limite l'utilisation de la somme dans le temps, serait perdue 18 mois après la demande. Finalement le maire d'Agen réussit à ménager la chèvre et le chou, obtenant une remise de la part des entreprises concessionnaires. Le projet peut donc aboutir en septembre 1895 et le musée prend le visage extérieur qu'on lui connaît aujourd'hui.
Cependant, la salle Aunac n'est que le premier pas de l'évolution du musée des Beaux-Arts. En pleine guerre mondiale, en 1917, le musée est remis à neuf et des projets fusent pour aménager la salle Brondeau de Senelles. La Première Guerre mondiale a des effets à retardement assez dramatiques pour le musée. Aucun aménagement d'importance n'est prévu entre 1918 et 1932. A cette période, une nouvelle crise frappe la France et menace aussi le musée, ainsi que l'ensemble architectural classé qu'il compose. Les toits, surtout, donnent des signes de fatigue, et, à plusieurs reprises, des passants échappent à la mort de quelques centimètres, car une tuile qui vient de se détacher tombe à leurs pieds ! Il faudra attendre 1936-1937 pour qu'une campagne importante de rénovations soit entreprise.
Le toit est l'une des priorités, mais il s'agit aussi d'améliorer la communication entre les différents bâtiments. C'est un véritable débat d'architecte qui va opposer les vues de G. Rapin, à celles de l'architecte du ministère et à celles de l'ingénieur de la ville. Pour réussir à ouvrir une porte dans un mur d'un mètre cinquante d'épaisseur entre les hôtels de Vaurs et de Vergès, toutes les solutions sont envisagées. Finalement, compte tenu de l'état du mur, et des coûts induits, la ville opte pour celle de son ingénieur : une porte soutenue par un encadrement de béton armé avec des ferrures suffisamment fortes pour faire face aux contraintes du bâtiment.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'arrivée de Mlle Labit en qualité de conservateur va permettre d'améliorer l'entretien des bâtiments du musée. Elle insiste d'abord sur le bien être de ses agents en aménageant des bureaux chauds et confortables, puis, elle commande des travaux d'embellissement en faisant éliminer certaines statues en plâtre ne correspondant plus à l'image du musée des Beaux-Arts d'Agen. Cette opération offrit une surprise de taille aux ouvriers municipaux, qui se heurtèrent à une boîte de fer en abattant une de ces statues. A l'intérieur de la boîte, le cœur embaumé de Boudon de Saint-Amans attendait qu'on le découvre. Peu après, le musée annexe la presque totalité de l'hôtel Monluc, ce qui constitue un agrandissement très important. Seul le rez-de-chaussée est laissé au club Monluc et au C.C.A.S. Les étages supérieurs reviennent au musée qui y installera notamment les œuvres contemporaines. Toutefois, le musée n'atteindra l'éclat qu'on lui connaît qu'à partir des années 1970, lorsque le tandem Esquirol-Labit met toute sa passion au service de ce haut lieu de la culture agenaise. L'achat de Monluc nécessite de nombreux travaux, fort chers. Mais en 10 ans c'est l'ensemble du musée qui va être restauré. Le plus impressionnant sera peut-être la dépose des fenêtres à meneaux de l'hôtel de Vergès.
Mlle Labit devient Mme Esquirol. Elle continue l'œuvre entreprise à deux au musée. Elle fait honneur à son défunt mari en réservant une nouvelle salle aux pièces dont il a fait don. Ce don ouvre, par ailleurs, le musée d'Agen vers l'art asiatique. Conservateur depuis le début des années cinquante, Mme Esquirol prend sa retraite en 1992.
C'est l'occasion pour une jeune conservatrice alsacienne, Yannick Lintz de faire ses preuves. En peu de temps, elle va faire de l'héritage du couple Esquirol un musée à la pointe de la modernité. L'un de ses soucis principaux est de diversifier les publics. Aidée par des collaborateurs compétents et passionnés, elle multiplie les événements, parvenant même à intéresser les plus jeunes (3 à 6 ans) aux œuvres d'art. Ces oeuvres d'art, justement, Yannick Lintz va tenter de leurs conférer une légitimité accrue. Elle fait expertiser, plus particulièrement, les Goya, dont Agen est si fière. Mais elle a aussi la chance avec elle, puisqu'elle découvre, fait restaurer et enfin, fait mettre en valeur un Tintoret que l'on ne connaissait pas.
Enfin, avant de partir au cabinet du ministre de l'Education nationale, Mlle Lintz aura eu le temps de faire produire, avec l'aide de la BNP-Paribas un catalogue du musée et de préparer les nouveaux travaux qui feront du musée des beaux arts d'Agen un musée du troisième millénaire. Marie-Dominique Nivière est, depuis mai 2001, le nouveau conservateur du musée des Beaux-Arts d'Agen.

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